dimanche 8 février 2015

Euthanasie : Délivrez-nous du MAL par la bonne mort !



Un merveilleux texte sur la FIN de VIE

Contempteurs de la mort douce, connaissez-vous la douleur inextinguible qui vous cloue au fond d’un lit, celle qui résiste à tous les espoirs et à toutes les médecines ?
Connaissez-vous les couloirs feutrés des centres de soins palliatifs où la loi Leonetti vous octroie la permission de crever lentement de faim et de soif en silence, dans les ténèbres d’un corps qui se décharne, qui se couvre d’escarres puis de marbrures, dont on ne sait s’il perçoit encore la lumière du jour, le bruissement du monde qui s’éveille, le parfum de ceux qui veillent ?
Connaissez-vous les cris des familles qui se fissurent de ne pas savoir où commence l’acharnement thérapeutique et où s’achève l’attente d’un miracle qui n’arrive pas 
Connaissez-vous l’abattement d’entrer en consultation avec une migraine et d’en ressortir avec une tumeur au cerveau et un sursis de six mois de souffrances à la clé ?
Connaissez-vous l’emprisonnement dans un locked-in syndrome qui assène pour seule perspective à un être le néant ?

Si l’on part du principe que la mort est un mauvais moment à passer, autant éviter qu’il s’éternise. Tout est affaire de moral. Et de morale. Mais « n’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres ».
Nier au patient son droit ultime à décider de l’issue qu’il choisit d’emprunter revient à le réifier et lui ôter par là même le peu de vie qui subsiste en lui. Et tandis qu’il s’étiole en attendant des fins meilleures, les commissions parlementaires et les comités d’éthique, plus soucieux de préserver les intérêts des laboratoires pourvoyeurs de molécules, décrètent qu’il pourra bien patienter encore un peu dans ses draps sales.

On nous dit qu’il faudrait davantage d’unités de soins palliatifs et de prises en charge à domicile. C’est l’évidence. Mais le plus beau des mouroirs ne saurait magnifier le teint blafard d’une agonie et la douleur qui l’accompagne.

On nous dit : « soulager ». Mais soulager quoi ? La douleur, le désespoir, l’attente interminable, la détérioration physique, mentale, la confiscation du libre arbitre, de l’amour-propre ?
En deçà de quel seuil soulager est-il plus charitable qu’abréger ?

Jusqu’à présent, la loi Leonetti prévoyait que l’arbitrage du médecin primait sur celui du malade, alors que ce dernier est quand même le principal concerné. La législation pourrait évoluer, encore faudrait-il que les Français rédigent des directives anticipées : seuls 2,5 % le font. Elles préviendraient pourtant des situations dramatiques tels les cas de Vincent Lambert ou du docteur Bonnemaison.
La fin de vie ne peut se réduire à un simple déballage de chiffres ; ceux-ci sont toutefois éloquents : 94 % des sondés se déclarent favorables à l’euthanasie active. Probablement sont-ils – et seront-ils – de plus en plus nombreux, du fait du vieillissement de la population et des pathologies incurables liées à l’âge, à y être confrontés.

Accorder l’euthanasie active ou le suicide assisté à ceux qui veulent déposer les armes ne signifie nullement l’imposer à ceux qui, par religion ou philosophie, refusent d’abandonner le combat. C’est une question de liberté individuelle et de dignité, une dernière maîtrise de notre destin, quand le corps n’a pas tout à fait lâché mais que l’âme s’échappe déjà quelque part ailleurs.

Ecrit par Eloïse Gloria journaliste

Source
http://www.bvoltaire.fr/eloisegloria/euthanasie-delivrez-nous-du-mal,143210

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